De nouvelles révélations sur l'explosion des gazoducs Nord  Stream 1 et 2

Coup sur coup, de nouvelles informations sur l'explosion des deux gazoducs Nord Stream I-II ont été révélées, par via l'enquête diligentée par l'Allemagne ainsi que le très connecté Wall Street Journal.

Le président Vlodimir Zelensky, la CIA, l'actuel ambassadeurs Ukrainiens à Londres, la Pologne qui refuse d'arrêter l'auteur de l'explosion, tous les éléments d'un roman d'espionnage sont contenus dans ce spectaculaire événement qui a modifié l'accès à l'énergie européenne.

 

Ainsi, l'Allemagne vient de donner les détails de son enquête sur l'explosion du Nord Stream 1 et 2.

Pour rappel, les gazoducs Nord Stream 1 et 2 reliaient l'Allemagne à la Russie via la mer Baltique, en contournant la Pologne et l'Ukraine. Les deux tuyaux  ont été endommagés par une série d'explosions qui se sont produites le 26 septembre 2022 près de l'île danoise de Bornholm.

Les explosions ont provoqué des fuites sur trois des quatre gazoducs Nord Stream. Les explosions ont été si puissantes qu'elles ont été détectées par des moniteurs sismiques en Suède et ont entraîné la formation d'énormes bulles de gaz à la surface de la mer Baltique (voir photo).

Dans un premier temps, les Etats-Unis, la Russie, l'Ukraine, l'Angleterre étaient pointés du doigt.

 

L'enquête Allemande

Des enquêtes menées en Suède et au Danemark s'étaient focalisés sur les mouvements de navires militaires russes dans la zone avant les explosions. Les Suédois et les Danois ont fini par abandonner leurs poursuites, estimant qu'ils ne disposaient pas de preuves suffisantes pour inculper qui que ce soit.

Pour les autorités allemandes, toutes les preuves pointent vers l'Ukraine. Au cours de l'été 2022, la CIA avait prévenu qu'un groupe de saboteurs ukrainiens prévoyait de faire exploser les oléoducs à l'aide d'un voilier loué et de plongeurs.

Dans les mois qui ont suivi les explosions, les enquêteurs ont fait une percée. Ils ont découvert un yacht de 15 mètres de long, l'Andromeda, dans le nord-est de l'Allemagne, qui avait été loué à peu près à l'époque des explosions. 

Des témoins avaient vu cinq hommes et une femme à bord du navire. Lorsque les autorités l'ont fouillé, elles ont trouvé des traces d'octogène, un explosif qui peut être utilisé sous l'eau.

 

Volodymyr Zhuravlov

En juin dernier, les autorités allemandes ont émis un mandat d'arrêt à l'encontre d'un ressortissant ukrainien de 44 ans vivant en Pologne. Les autorités polonaises l'ont appelé Volodymyr Z, mais le journal suédois Expressen l'a identifié comme Volodymyr Zhuravlov, un instructeur de plongée vivant dans la ville polonaise de Pruszków.

Il était soupçonné de "sabotage anticonstitutionnel et d'avoir provoqué une explosion".

L'homme travaillait pour une école de plongée dirigée par un couple de Kiev qui est également soupçonné par les enquêteurs allemands d'être impliqué dans les explosions. 

 

Photographié pour un excès de vitesse

Selon une enquête menée conjointement par des médias allemands, dont le radiodiffuseur public ARD, un indice clé a été fourni par le conducteur d'une camionnette blanche qui avait été prise dans un piège à vitesse radar sur l'île de Rügen, au large de la côte nord-est de l'Allemagne.

La camionnette aurait été utilisée pour transporter du matériel de plongée qui a ensuite été utilisé lors de l'attaque sous-marine.

Le conducteur a identifié Zhuravlov comme l'un des passagers. Il s'agirait de la personne assise à côté du conducteur sur la photo du radar. 

 

La Pologne laisse filer

L'Allemagne a transmis son mandat d'arrêt européen contre Zhuravlov aux autorités polonaises en juin, mais celles-ci ne l'ont pas placé en détention.

Au lieu de cela, il a pu franchir la frontière entre la Pologne et l'Ukraine au début du mois de juillet, selon une porte-parole du bureau du procureur polonais. Elle a précisé qu'il n'avait pas été répertorié comme "personne recherchée" dans la base de données correspondante.

Toutefois, les médias ont rapporté que Varsovie n'avait pas montré beaucoup d'intérêt à traduire les coupables en justice et avait remis en question les pistes fournies par la police allemande qui pointaient vers l'Ukraine. La Pologne, ainsi que les États baltes, s'étaient vivement opposés au projet Nord Stream, considéré comme un complot du Kremlin visant à renforcer la dépendance de l'Europe à l'égard du gaz russe.

 

Qui a donné l'autorisation ?

Du côté du Wall Street Journal, le journal incrimine personnellement le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans le sabotage. Il aurait lui-même approuvé le plan avant de faire marche arrière, en vain.

Le journal américain, qui se fonde notamment sur des sources militaires ukrainiennes, pense que l’attentat à l’explosif dans les profondeurs de la mer Baltique aurait été mené à bien sous la supervision du commandant en chef de l’armée ukrainienne de l’époque, Valery Zaloujny, et ce malgré un revirement en cours de route de Volodymyr Zelensky, qui aurait demandé l’arrêt du projet.

Selon le Wall Street Journal, l’idée de faire exploser le gazoduc serait née en mai 2022 lors d’une réunion d’officiers, haut gradés et chefs d’entreprises ukrainiens, trois mois après l’invasion russe de l’Ukraine,

Toujours d’après le journal, six personnes au total auraient été directement impliquées dans cette opération pour un coût d’environ 300'000 $, le tout financé par de l’argent privé. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait initialement approuvé le plan, selon un officier qui y participait et trois qui en avaient connaissance (…) Mais après, quand la CIA en a eu vent et a demandé de l’en empêcher, il a ordonné de le stopper.

Or, Valery Zaloujny, commandant en chef de l’armée ukrainienne à l’époque, aurait ignoré cet ordre et son équipe aurait modifié le plan initial, ajoute le journal. L’homme, qui a depuis été nommé ambassadeur pour l’Ukraine à Londres, a déclaré dans un échange par écrit avec le journal américain qu’il n’avait aucune connaissance d’une telle opération et qualifié de "provocation" toute affirmation du contraire.

Après le sabotage en septembre 2022 du gazoduc russe, Zelensky aurait demandé des explications à Zaloujny, selon le Wall Street Journal, citant trois personnes au courant de cet échange. Ce dernier lui aurait répondu qu’il était trop tard.  "Il a été dit à Zelensky, c’est comme avec une torpille, une fois que vous l’avez lancée sur l’ennemi, vous ne pouvez pas la récupérer, elle continue jusqu’à faire boum".

 

 

 

Le gaz russe continue-t-il de couler vers l'Europe depuis le sabotage ?

Avant que la Russie ne lance son invasion totale de l'Ukraine en février 2022, elle représentait 46% des importations de gaz dans l'UE.

Ce chiffre est tombé à 16% l'année dernière, car les gouvernements de l'UE - à l'exception de la Hongrie, de l'Autriche et de la Slovaquie - se sont efforcés de se passer du gaz russe et de trouver d'autres fournisseurs.

 

 

 

 

 

Sources: FT.com, Guy Chazan. Wall Street Journal

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