L'électricité, ce caillou dans la chaussure de Trump
Avec sa doctrine de dominance énergétique, le président Trump l'a révélé à tous ceux qui ne l'avaient pas encore compris : posséder l'énergie est un instrument de puissance qui concurrence la force militaire.
Elle bouscule les codes de la géopolitique mondiale au fur et à mesure de l'épuisement des ressources. A l'intérieur d'un pays, elle cimente ou fait exploser les jeux politiques sous l'impulsion de l'électrification de l'économie.
Les pays impliqués subissent de plein fouet l'explosion de l'intelligence artificielle, du minage des cryptomonnaie, de la digitalisation et de la nouvelle mobilité.
Des prix de l'énergie abordables
Dès son investiture, Trump avait promis des prix de l'énergie au plus bas pour doper l'économie américaine. Si le baril de pétrole a suivi une courbe descendante, les prix de l'électricité flambent au point d'en devenir une thématique pour les élections de mi-mandat de 2026.
La demande d'électricité explose
Aux Etats-Unis,il pourrait se construire 370 data center. La construction rapide de ces centres de données d'intelligence artificielle est en train de siphonner la production d'électricité. Ces centres saturent les réseaux et les fournisseurs doivent investir dans de nouvelles productions ainsi que dans la mise à niveau des lignes de transport.
Les débats politiques et sociétaux sur la consommation des data centers sont en train de terrasser les Etats comme la Géorgie et la Virginie, qui comptent la plus grande concentration de centres de données au monde.
L'inflation de l'électricité est devenue un enjeu dans la course au poste de gouverneur du New Jersey, où l'électricité a grimpé de 25%. Dans le panier inflationniste, l'électricité se trouve au sommet de la pyramide.
Des prix de l'électricité à la hausse
Ainsi, la moyenne nationale a atteint des niveaux records avec une hausse de 7% du coût de l'électricité résidentielle en trois mois et de 5% pour les tarifs commerciaux.
Même si les prix restent en-dessous des moyennes européennes, environ 18 centimes le kWh pour les ménages et 13 centimes pour les entreprises, les hausses passent mal auprès du consommateur américain qui n'est pas un modèle d'économie.
Il dévore annuellement 11'000 kWh, soit 2,5 fois plus qu'un ménage Suisse.
L'option nucléiare
Pour montrer sa préoccupation, la Maison Blanche veut favoriser la renaissance de l'énergie nucléaire.
Dans ce but, l'agence de surveillance du nucléaire a subi des coupes drastiques de personnel. Grâce à la diminution des règles de sécurité, d'ici à 10 ans de nouvelles mini centrales pourraient être mise en ligne à moins que cette nouvelle technologie ne trouve finalement pas son chemin.
Dans l'immédiat, le gouvernement compte sur le charbon et surtout le gaz de schiste pour faire face à la demande des géants de la technologie. La phobie de Trump face à l'électricité solaire ou éolienne se révèle être un handicap d'autant que la hausse devrait dépasser les 25% d'ici à 2030. A cette date, il est estimé que l'intelligence artificielle américaine consommera le 12% de l'électricité du pays.
Diminuer les exportations de méthane pour assurer la consommation américaine
Cependant, l'augmentation de l'utilisation du gaz-méthane va se confronter à la diminution des capacités des gisements de schiste aux Etats-Unis.
A l'heure actuelle, Washington peut se permettre d'exporter ses surplus d'extraction notamment vers l'Europe et l'Asie. C'est justement un prérequis pour Bruxelles afin de se passer du méthane russe d'ici à 2027.
A moins que la bulle de l'Intelligence artificielle explose, les Etats-Unis se retrouveront très rapidement dans l'obligation de stopper leurs exportations pour favoriser leur usage interne. La Chine l'a bien compris. Elle vient de signer un nouvel accord de livraison de gaz avec Moscou.
Même ExxonMobil lorgne sur les hydrocarbures russes. L'intérêt de Trump pour les ressources pétro gazières du Groenland prend tout son sens.
La bulle d'intelligence artificielle
En tout cas, le président américain va devoir rapidement trouver des solutions pour éteindre l'incendie que l'électrification de l'économie est en train d'allumer.
L'extraordinaire performance boursière de Wall Street repose essentiellement sur les promesses de l'intelligence artificielle tandis que l'électeur moyen n'est pas prêt à voir sa facture d'électricité augmenter. Peut-être que d'ici là, la bulle de l'intelligence artificielle explosera.
Dans tous les cas, on peut se demander si tout cela n'est pas la recette d'un parfait électrochoc ?
Rubrique publiée dans le journal Le Temps