L’Europe capitule devant les tarifs de Trump

Devant les caméras d'un club de golf en Ecosse, Donald Trump et Ursula von der Leyen ont annoncé un accord avec des tarifs de base de 15% pour tous les produits européens vendus aux Etats-Unis. Dans l’accord se trouve un volet énergétique important. Quand aux produits américains, ils n’auront aucune pénalité pour entrer en Europe. Initialement les produits européens étaient taxés à 4,8% alors que les produits américains à 1,6%. 

 

Nous avions déjà pris connaissance des capacités de négociation d’Ursula von der Leyen lors de l’accord avec Pfizer et le Corona virus.

La capitulation européenne n’offre que peu de surprise. Au lieu de négocier comme le Canada ou la Chine, sous le poids des divisions l’Europe a abdiqué, même si les communiqués de presse en provenance de Bruxelles saluent une victoire pour avoir passé de 30 à 15%.   

 

Une visite chinoise catastrophique

Juste avant cette rencontre, Ursula von der Leyen et Antonio Costa, président du Conseil Européen, s'étaient rendu en Chine pour envoyer des signaux à Washington et montrer que l'Europe avait d'autres options économiques. Cela devait entrer dans une séquence théâtrale qui aurait pu marquer des points. 

Cependant, la délégation Européenne s'est bornée à faire la leçon aux dirigeants chinois, dont le président Xi-Jinping in personam, sur le changement climatique, le financement du processus climatique, le déficit économique européen face à Pékin et le soutien chinois à la Russie. 

Les chinois espéraient des discutions sur les micro-chips, l'intelligence artificielle et le développement de collaborations économiques.

Ils se sont rapidement rendu compte qu'ils étaient pris pour des idiots et ont écourté la visite des dirigeants européens. Après avoir manqué l'immanquable, Ursula von der Leyen est rentrée bien plus vite que prévu à Bruxelles, les mains totalement vide.

Ce fiasco est rapidement arrivé aux oreilles américaines.  C'est dans ces circonstances, qu'Ursula von der Leyen s'est rendue dans le lieu dicté par Trump.  

 

Un face à face d'égal à égal

La question se pose. Est-ce que le plus grand partenaire économique des USA (20% de part de marché) aurait pu faire mieux ?

Bruxelles aurait pu bloquer les entreprises américaines des offres publiques, taxer les géants du numériques comme booking, google, facebook et partir dans un bras de fer qui n’aurait duré que quelques mois histoire d'établir un respect mutuel et attendre que les sanctions pèsent sur les Etats-Unis.

Aux Etats-Unis, Donald Trump est sous la pression de livrer des "deals". Sans accord européen, il aurait dû rapidement revenir à la charge car sans le Canada, la Chine, le Mexique et l'Europe son siège aurait trouvé un équilibre instable.  

 

Achat d'énergies fossiles et armements américains

Dans le détail et en plus des 15% de taxes, les pays européens devront investir pour $600 milliards dans les industries américaines, acheter des centaines de milliards (chiffre précis non et modalité non communiquées) d’équipement militaires. 

Durant les 3 prochaines années, l’Europe devra acheter pour $750 milliards d’énergies fossiles (250 par an) dont le gaz et du pétrole de schiste à plein tarifs et qui est la forme la plus polluante de pétrole ou de gaz-méthane.

Le traité offre également l’option d’acheter de l’uranium traité qui transite depuis la Russie.

Ursula von der Leyen a déclaré "que cet accord contribuerait à réduire la dépendance du bloc par rapport des sources d’énergies russes, conformément à l’objectif stratégique de diversification énergétique de l’Europe.  

 

Du gaz très très cher et une dépendance problématique

La guerre économique de Bruxelles face à la Russie force l’Europe a trouver du méthane à l'international.

Trump propose d’écouler le gaz de schiste américain, de le transformer (sur le sol américain) en gaz liquide pour le transporter en Europe. Le prix final coûte trois fois plus cher que le gaz-méthane livré par gazoduc par la Russie. Surtout, il est vendu nettement plus cher qu'aux USA (3 fois le prix en moyenne), ce qui permet aux extracteurs de pouvoir rester en vie grâce aux bénéfices réalisés en Europe.

Par ce processus, Trump fait une pierre, trois coups. En vendant du GNL (gaz liquide) de schiste très au-dessus du prix du gaz-méthane Russe, les industries européennes ne pourront représenter une menace pour les entreprises américaines. De plus, il permet de transférer la dépendance énergétique européenne de la Russie vers Washington et finalement de maintenir en vie les extracteurs de gaz de schiste.

 

Quand il n'y en a plus, il n'y en a moins pour nous

Mais dans l’équation, il faut noter que les extractions de schiste américain devraient atteindre un plateau d’extractions entre 2027 et 2030. Il est évident que Washington diminuera les exportations vers l’Europe pour d’abord alimenter son marché local.

Est-ce que d’ici là, la Chine aura réservé toutes les capacités d’exportations de la Russie ?

 

La guerre en Ukraine : grain de sable dans l'économie européenne

Avec cet accord, Bruxelles se félicite de garder les USA comme partenaire dans la guerre contre la Russie en Ukraine.

Dans cette guerre, Trump a trouvé une nouvelle parade et fait payer les européens pour l’achat d’armes américaines comme le système anti-missiles Patriot. 

De nombreux points restent ouverts. Les droits de 50% sur l’acier et l’aluminium restent inchangés pour l’instant. L’aéronautique et les spiritueux, propriétés de grandes marques de luxe sont en suspend.

Il reste la question des produits agricoles.

Mais la probabilité que la balance penche du côté Européen est assez mince. 

Du côté de notre dépendance énergétique, il faut souligner qu’aucun d’entre-nous n’est prêt à défier nos politiciens sur la sécurité de l’alimentation énergétique et la quasi-majorité d’entre-nous n’est pas prête à faire des ajustements, même mineurs, pour être plus efficace dans les importations de pétrole et de méthane.

Plus nous allons de l’avant, plus cette question sera épineuse.

 

Des avis partagés

Au niveau des points de vue, l’Italie se félicite "l’accord met un terme à une phase d’incertitude et évite une guerre commerciale selon Antoni Tajani, chef de la diplomatie italienne. Le visionnaire chancelier allemand Friedrich Merz salue "la préservation des intérêts fondamentaux et notamment celle de l'industrie automobile." 

Pour le premier ministre hongrois Victor Orban a le sens de la formule avec un "Ce n’est pas Donald Trump qui a conclu un accord avec Ursula von der Leyen, c’est Trump qui a mangé von der Leyen au petit déjeuner." 

Moscou a enfoncé le clou via le chef de la diplomatie russe Sergei Lavrov "l’accord porte un coup très dur à l’industrie européenne. Une telle approche mènera à une poursuite de la désindustrialisation."

François Bayrou, le premier ministre français "regrette un jour sombre qui se résout à la soumission."

 

 

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