La pénurie d'uranium menace la renaissance de l'énergie nucléaire
Cette semaine, l'Association nucléaire mondiale a publié son rapport 2025 et elle prévoit un "écart important" entre l'offre et la demande. L'industrie a besoin de trouver de nouvelles mines d'uranium.
Selon elle, la renaissance de l'énergie nucléaire menace de créer une pénurie d'uranium et elle exhorte les producteurs à redoubler d'efforts pour trouver de nouvelles sources alors que la production actuelle diminue.
L'Association prévoit que les besoins mondiaux en uranium pour les réacteurs devraient augmenter d'un tiers pour atteindre 86'000 tonnes d'ici 2030, et 150'000 tonnes d'ici 2040.
En même temps, les extractions des mines actuelles devrait diminuer de moitié entre 2030 et 2040, à mesure que les gisements existants s'épuisent, laissant un "vide important" qui menace la renaissance du nucléaire. Les mines existantes sont confrontées à un épuisement de leurs ressources dans les 10 années à venir.
Le rapport appelle l'industrie à garantir des investissements afin de localiser davantage d'uranium afin d'éviter une pénurie d'approvisionnement.
L'électricité nucléaire trouve un second souffle
L'énergie nucléaire suscite un regain d'intérêt. La crise énergétique, qui a suivi le déclenchement de la guerre en Ukraine et la perte du pétrole et du gaz-méthane russes. donne des idées à certains pays européens et au gouvernement Trump.
Les grandes entreprises technologiques américaines envisagent le nucléaire comme un moyen d'alimenter les énormes centres de données nécessaires aux technologies d'intelligence artificielle gourmandes en énergie.
Pénurie d'uranium et des prix qui grimpent
Alors que de grands producteurs, notamment Kazatomprom et Cameco, ont annoncé des réductions de leurs extractions d'uranium, il existe des risques qui pourraient faire grimper considérablement les prix du combustible nucléaire.
Les acteurs du secteur réunis cette semaine lors du symposium annuel de la WNA ont déclaré qu'il ne serait pas facile de combler le déficit d'approvisionnement qui se profile.
Il va y avoir avantage d'entreprises qui vont revoir leurs prévisions à la baisse, en partie en raison du vieillissement des mines, qui deviennent moins productives. L'écosystème n'est plus en équilibre. Il peut s'écouler 10 à 20 ans entre la découverte d'uranium et le début de la production d'une mine.
À partir de la capacité nucléaire actuelle de 372 GWe en 2024, le scénario de référence prévoit que la capacité nucléaire atteindra 686 GWe d'ici 2040 (soit une augmentation de 60 GWe par rapport à l'édition 2023), avec une capacité atteignant 966 GWe dans le scénario haut (soit une augmentation de 35 GWe) et 582 GWe dans le scénario bas (soit une augmentation de 66 GWe).
Les besoins mondiaux en uranium pour les réacteurs en 2025 sont estimés à environ 68'920 tU. Dans le scénario de référence, ils devraient passer à un peu plus de 150'000 tU en 2040, avec des besoins dépassant 204'000 tU dans le scénario haut et 107'000 tU dans le scénario bas à la même date.
Russie, Chine, Inde
La capacité nucléaire devrait presque doubler pour atteindre 746 gigawatts d'électricité à l'échelle mondiale d'ici 2040, selon le rapport, une grande partie de cette augmentation provenant des nouveaux réacteurs en Chine et en Inde.
Tant la Chine que l'Inde ont réservé de grande quantité d'uranium directement chez les extracteurs. Certains pays européens n'auront simplement pas un accès suffisant aux combustibles.
La Russie est une source majeure d'enrichissement d'uranium, un marché concentré qui pose problème depuis le début de la guerre en Ukraine.
La géopolitique entre dans les scénarios
Cette édition du Rapport mondial sur le combustible nucléaire comprend un nouveau chapitre consacré à l'offre et à la demande régionales primaires. Les facteurs géopolitiques et géoéconomiques, notamment depuis le début du conflit entre la Russie et l'Ukraine en mars 2022, ont continué d'influencer à la fois la demande en énergie nucléaire et l'offre en uranium, la conversion, l'enrichissement et la fabrication.