L'Obsolescence 

 Par Thomas Norway – Le smartphone ne peut pas installer le dernier jeu tendance, le pantalon taille-haute est démodé en 3 postes sur Instagram,  un ordinateur qui prend 20 ans en une mise à jour, une nouvelle machine à café avec maintenant 25% plus de goût rend l’ancienne obsolète, le lave-vaisselle est en panne et irréparable 17 secondes et 22 centièmes après la fin de la garantie ?

Ne cherchez plus, c’est tout trouvé ! 

 

L’obsolescence qu’elle soit programmée, technique, psychologique, fonctionnelle, sociale ou économique, c’est la faute à la recherche du profit, aux actionnaires et aux magnats de l’industrie qui tapis dans l’ombre de leur fortune ricanent à la manière de méchants de série Z :

"MOUHAHAHAHAHAHA ah ah" Méchant au rabais de film low-cost.  Où peut-être pas, qui sait ?

 

Ils sont méchants les méchants !

Vous pensez vraiment que les industriels se lèvent le matin en se disant : Tiens, je  me brûlerais bien une petite centaine de tonnes de charbon moi ce matin?

Ou encore : J’ai une idée !! Et si on faisait des produits qui durent le moins longtemps possible pour en vendre plus ?

Je ne dis pas que l’industrie est uniquement composée de gentilles personnes remplies d’amour et d’humanité ou que l’appât du gain n’est pas une source de motivation ; mais qu’il y a potentiellement d’autres raisons additionnelles plus impératives d’agir de la sorte.

 

Production et consommation

L’industrie produit des choses pour qu’elles soient consommées :
    • directement : une chemise en lin 
    • indirectement : un tracteur pour produire du lin, une machine à filer le lin, des machines textiles, des camions, des routes,… et tout ça demande de l’acier, du béton, du cuivre et des tas d’autres trucs qui doivent être produits.

Il manque cependant une étape avant la consommation.

L’achat

 Et pour réaliser un achat, nous réalisons une balance coûts-bénéfices éclairée par une analyse profonde et intense de toutes les informations dont nous disposons.

Non, je déconne… je ne suis ni fou ni économiste.

Nous avons des aspirateurs car nous ne voulons ou ne pouvons plus prendre le temps de passer le balais et la serpillière. Nous avons acheté ledit aspirateur selon notre budget, la taille du logement, le gain de temps escompté et le temps que nous avons pu consacrer à cette réflexion aussi intense que inepte.

En réalité, nous agissons selon nos envies, notre humeur, nos contraintes, nos obligations et nos moyens avec un éclairage analytique souvent plus proche de la chandelle à l’autre bout de la pièce qu’autre chose : ça a l’air bien et pas cher. 

 

Pour rappel, une entreprise qui ne vend pas assez, va sur la case faillite sans passer par la case départ.

 

Le mieux, ennemi du bien ?

Comme expliqué en long, en large et en travers dans la chronique sur l’efficacité : il est impossible physiquement de faire mieux et pas cher indéfiniment.

Et pour rester un peu (mais pas trop) dans la science sociale économique, c’est également ce qu’exprime la loi des rendements décroissants.

Il y a donc une limite et cette pas charmante contrainte pourrait expliquer pour partie la nécessité de l’obsolescence mais voyons ça avec un exemple chiffré.

 

Un exemple chiffré 

Notre exemple se base sur deux entreprises d’aspirateurs qui vendaient, vendent et souhaitent continuer à exister.

Pour faire la poutze, chaque ménage dispose d’un seul aspirateur (à moins d’en faire collection… je ne juge pas), la quantité d’aspirateurs dans la société est un nombre fini : disons 1'000 pour l’exemple.

Initialement les aspirateurs ont une durée de vie de 10 ans ce qui implique que chaque année, il faut remplacer 100 aspirateurs et chaque fabriquant en produit 50 annuellement et tranquillement car c’était le bon vieux temps (optimum du coût-bénéfice).

Pas de bol, l’énergie qui alimente les ménages et les entreprises se renchérit à cause de la déplétion des stocks d’énergie. De ce fait, les coûts de production et d’usage augmentent !

Que faire ?

De bleu ! Il suffit de produire plus efficacement des aspirateurs plus efficaces.

 

Eh oui… l’industriel n’est pas idiot, si il avait pu améliorer le coût-bénéfice de son produit par rapport à ses concurrents, il l’aurait déjà fait et ce, avant que lui et ses concurrents y soient contraints !

Car produire plus efficace est plus "coûteux" en énergie car cela demande des investissements supplémentaires.

Donc nos deux entreprises réfléchissent à investir et arrivent à la conclusion logique suivante :
    • Je dois produire plus efficacement.
    • Comment limiter l’augmentation du prix et conserver mon chiffre d’affaires ?
    • Avec les économies d’échelles, je dois donc produire plus (disons 100 au lieu de 50).
    • Si je produis plus, je dois vendre plus.
    • Comment vendre plus ?
    • En prenant des parts de marché évidemment !
    • Mais mon concurrent aura très probablement la même stratégie.
    • Comment vendre plus ?
    • En réduisant la qualité de mon produit ce qui réduira la durée de vie (de 10 ans à 5 ans) mais également le prix. 
    • "MOUHAHAHAHAHAHA ah ah" ou pas car je ne suis pas complètement sûr que notre industriel se réjouit de devoir produire des produits de moins bonne qualité pour assurer sa survie économique.

Et donc au final, on se retrouve avec deux entreprises qui vendent 200 aspirateurs par an et le consommateur est initialement content car si l’aspirateur coutait 500€ avant et que le nouveau coûte 400€ en pensant qu’il durera également 10 ans alors c’est une bonne affaire !

Mais en pratique, cela lui coutera 800€ au lieu de 500€ (2 aspirateur sur 10 ans).

 

Commerce mondialisé

Bien entendu, dans notre exemple simplifié, on pourrait penser qu’il suffirait d’exporter la production ailleurs.

Mais "ailleurs", il y a également des fabricants d’aspirateur qui ont des problèmes similaires.

Cependant, certains producteurs n’ont pas accès à une énergie nationale moins chère (coucou le charbon allemand) ou importée (coucou le gaz russe) ou une population plus facile à exploitée (coucou la chine, l’inde, l’Amérique du sud…) et ils feront faillite.

Bien entendu, certains producteurs refuseront de baisser la qualité de leurs produits et feront faillite.

Certains s’y prendront trop tard et feront faillite.

Certains refuseront de trop faire payer le consommateur (vendre à 300 au lieu de 350€) ce qui fera baisser les bénéfices 
    • Ce qui réduira la capacité d’emprunt en limitant les prochains investissements en induisant une probable faillite
    • Ce qui réduira la valeur de l’action avec également une réduction de capacité d’emprunt tout en facilitant la fusion-acquisition d’un concurrent qui sera moins conciliant avec le consommateur.

De faillite en faillite, il restera de moins en moins de producteurs avec des usines de plus en plus grandes ce qui "tombe bien" car le prix de l’énergie n’est pas prêt de baisser.
La limite de la production sera les pertes de transports.

 
Que faire ?

La logique décrite est un rouleau compresseur que seul le consommateur peut arrêter mais comment ?

En acceptant collectivement et démocratiquement de payer plus cher pour les biens et services qui peuplent notre quotidien et, de facto, de réduire notre consommation globale.

En si prenant bien et démocratiquement, cela pourra engendrer une nouvelle époque de croissance ! Non pas de la consommation mais du temps de qualité, une croissance du bien-être pour tous. 

 

Energie et Obsolescence

Dans un contexte compétition avec un inéluctable renchérissement de l’énergie, pour éviter de disparaître, les capitaines d’industries doivent impérativement augmenter leurs capacités de production tout en réduisant obligatoirement la durée d’utilisation de leurs produits soit de lui-même (obsolescence programmée) soit chez l’utilisateur (obsolescence sociale et psychologique).

Cette stratégie découle de nos modes de vies qu’ils soient appréciés ou imposés et sachant qu’on ne peut pas négocier avec les lois physiques, il serait plus sage de revoir collectivement ceux-ci .

Je conseille d’ailleurs vivement de faire du camping pleine nature : c’est super cool (hors les midges et les moustiques) et après, vous ne verrez plus votre frigo, cuisinière, supermarché, lit, douche, lave-linge… de la même manière.


 
Rubrique de Thomas Norway, campeur occasionnel :  "je HAIS les midges et les moustiques !!!"

 

Pour terminer cette rubrique, des proverbes Shadock de Jacques Rouxel :

"La plus grave maladie du cerveau c'est de réfléchir."

"Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas".

"Quand on sait pas où l'on va, il faut y aller... et le plus vite possible !"

 "Pour qu'il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes."

 

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