Trump et Poutine : En temps de guerre, il faut préparer la paix
La rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump est particulièrement attendue par les personnes qui ne seront pas présentes. Les Européens, les Ukrainiens, la Chine et l’Inde.
Trump arrive avec plusieurs objectifs : tenir son rôle de leader mondial, assurer son prix Nobel de la Paix afin d’égaler Obama, accéder aux ressources comme les terres rares et les hydrocarbures russes tout en éloignant Pékin et l’Inde de ce grenier, et finalement lever des fonds par les contribuables européens pour l’achat de matériels militaires américains tant pour l’Ukraine que pour l’Europe.
L’Europe mise à l’écart
Comment Bruxelles s’est-elle mise à l’écart de ces négociations ?
Il faut se rappeler que depuis le début de la guerre, l’Europe a rapidement annoncé une doctrine inflexible : La victoire de l’Ukraine, quoi qu’il en coûte.
Si l’idée était louable au départ de l’invasion Russe (il était nécessaire de montrer la volonté et les muscles), elle n’a laissé à aucun moment une porte de sortie ou de négociation pour sortir de la guerre.
Tant Ursula von der Leyen que Kaja Kallas sont restées inflexibles sur leur doctrine et n'ont cessé de faire augmenter les enchères. On peut comprendre la Présidente du Conseil des affaires étrangères Kaja Kallas. Durant ses années politiques en Estonie, elle s’est forgée une réputation de lutte contre la Russie. En la mettant à ce poste, Bruxelles s’engagea dans une escalade des sanctions et d’une consolidation de la guerre.
Pour assurer une pression maximale sur Moscou, Bruxelles a empilé les mesures de pressions quitte à se passer de gaz-méthane, de pétrole et des minerais Russes.
En pensant faire plier l’économie Russe, les entreprises européennes se sont retrouvées en difficulté énergétique avec une hausse du prix de l’électricité et du gaz-méthane. Bruxelles a appris que l’on ne peut pas jouer avec l’énergie, qui est le sang qui coule dans les veines de notre Economie.
De plus, l’ADN russe contient toujours des décennies d’une URSS capable de s’amuser des embargos occidentaux via une capacité de vivre en autarcie avec un appareil industriel ingénieux et résilient.
Dans cette guerre, l’Europe a oublié le processus de Paix
Pour négocier avec la Russie, les dirigeants de Bruxelles, se sont mis sur la touche. Il ne restait que les présidents des pays pour prendre le flambeau.
En effet, pour tout processus de paix, une rencontre avec Vladimir Poutine est un prérequis. Si une leçon devait être tirée, c’est peut-être celle-là : Même en temps de guerre, il faut préparer la paix.
- Le président Macron s’est enfermé dans une relation avec Volodymyr Zelensky. Il s’est auto disqualifié.
- C’est une tradition, le premier ministre anglais n’a cessé de ne pas comprendre les enjeux de l’époque.
- Les pays nordiques se sont très rapidement disqualifiés en adoptant des positions extrêmes ou caricaturales comme le recrutement par tirage au sort d’un service-militaire féminin au Danemark.
- Même la Suisse s’est engouffrée hors de sa neutralité, qui aurait été bien utile aujourd’hui tant pour Trump, Poutine que Zelensky.
L’opportunité pouvait venir de l’Allemagne et son nouveau chancelier Friedrich Merz.
Il aurait pu clamer une certaine légitimité via sa venue. Malheureusement son manque d’envergure et sans aucune posture d’homme d’état, il n’est pas perçu comme étant à la hauteur des enjeux.
L'Europe est en manque d'une personnalité politique d'envergure et respectée.
Sur le terrain, l’Ukraine semble à la peine
Sur le terrain, les troupes russes se sont enfoncés de 15 km vers Dobropillia proche de la ville hautement stratégique de Pokrovsk.
Bohdan Krotevych, ancien chef d'état-major de la brigade Azov et lieutenant-colonel de la Garde nationale, a lancé un appel public à Zelenskyy.
"Monsieur le Président, je ne sais sincèrement pas ce qui vous est rapporté exactement, mais je vous informe que sur la ligne Pokrovsk-Kostyantynivka, sans exagération, c'est le chaos total. Et ce chaos s'aggrave depuis longtemps, empirant de jour en jour."
Est-ce que les lignes ukrainiennes vont-elles pouvoir résister encore longtemps ?
Sont-elles en train de s’écrouler ou est-ce un simple passage à vide et les renforts vont pouvoir intervenir ?
L’histoire le dira.
Mais fort de ces informations, Vladimir Poutine pourra ralentir ou avancer la proposition de paix.
Poutine et Trump en Alaska
Pour l’instant, Donald Trump arrivera avec ses objectifs et Vladimir Poutine avec les siens. Quels seront les résultats de cette rencontre ?
Il faudra lire avec attention, le communiqué de presse. Il n'est pas improbable que rien de décisif ne sorte.
Au final, les Etats-Unis ont besoin des terres rares, du lithium, de l’uranium russes ainsi que des hydrocarbures. Ils ne peuvent se permettre de laisser tout ce pactole dans les mains chinoises et indiennes. Les tarifs douaniers américains sur le pétrole russe qui transite par l’Inde donnent une indication.
Les terres rares de l'Ukraine intéressent les Etats-Unis. Le charbon du Donbass devrait finir dans les mains de la Russie.
Pour peser dans une négociation, il faut être autours de la table. L’Europe va devoir s’asseoir avec Vladimir Poutine.
Qui sera désigné et quel sera le plan de négociation de l'Europe ? Par leur position intransigeante, Ursula von der Leyen ainsi que Kaja Kallas ne tiendront pas la posture face à Trump ou à Poutine.
Si Bruxelles refuse de le faire, elle devra accepter le jugement de Donald Trump.
L’Europe devra également avoir une réflexion sur sa stratégie énergétique pour les années à venir. Le pétrole et le gaz-méthane représentent plus de 60% de l’énergie consommée et les énergies renouvelables, qui ne produisent que de l’électricité. Elles ne sont pas à la hauteur des enjeux actuels.
Ces négociations pourraient bien aller au-delà de l’avenir de l’Ukraine. Elles ont la capacité de tracer les autoroutes de l’énergie dans les années à venir et de positionner le grenier énergétique Russe face à la Chine, l’Inde, les Etats-Unis et peut-être l’Europe.
A moins que les jeux ne soient déjà faits entre les BRICS (Chine, Inde, Russie, Afrique du Sud, Brésil, Iran, Arabie Saoudite). Une histoire dont l'écriture débutera ce vendredi en Alaska.