EDF en difficulté avec ses 2 EPR en Angleterre
Le géant français EDF se trouve en grosse difficulté financière pour terminer la construction de deux centrales nucléaires en Angleterre à Hinkley Point C.
Devant une augmentation pharamineuse des coûts, le partenaire chinois, CGN, est sur le point de renoncer à passer à la caisse. La facture du chantier, initialement devisée à €20 milliards en 2016, continue de grimper pour atteindre €36 milliards et le compteur continue de tourner.
Qui doit couvrir ces dépassements
EDF a annoncé que les coûts de construction vont dépasser les €36 milliards soit presque le double de l'offre de départ.
Au second semestre 2023, son partenaire chinois CGN sera invité à effectuer des versements supplémentaires "volontaires" de fonds propres. Ce mécanisme de compensation sera activé, car selon EDF "les besoins totaux de financement du projet dépassent l'engagement contractuel des actionnaires" et ce n'est pas peu dire.
En 2016, CGN avait accepté de financer 33,5% des €20 milliards estimés pour les coûts de construction de Hinkley Point C. L'implication de Pékin avait été vu comme une menace pour la distribution de l'électricité en Angleterre, mais comme la Chine était la seule source de financement disponible avec EDF, la communication des gouvernements de David Cameron et de la France avaient transformé cela en opportunité.
Aujourd'hui, il semble qu'EDF va devoir passer entièrement à la caisse pour ce dépassement.
Les deux unités de réacteurs, situés dans le sud-ouest de l'Angleterre, sont les premières à être construites en Grande-Bretagne depuis près de 30 ans.
La date d'achèvement avait été prévue pour novembre 2023, mais elle a été repoussée à plusieurs reprises. Juin 2027 est la dernière prévision. Une fois en service, l'électricité sera vendue à €13 centimes le kWh sur une durée de 35 ans. A l'époque de nombreuses voix s'étaient élevées contre le prix élevé de cet accord qui inclue la gestion des déchets nucléaires.
Cette nouvelle tombe mal, car EDF vient d'annoncer une perte de €18 milliards pour l'année 2022. Sans le support de Matignon, EDF serait en quasi faillite.
Selon le directeur d'EDF, "son entreprise et le gouvernement britannique font maintenant équipe sur le projet, tout en espérant que d'autres investisseurs extérieurs se joindront à eux." Il est hautement improbable qu'un investisseur tente l'expérience, à moins que les conditions soient très avantageuses et garanties.
Financement par les consommateurs
Le plus flamboyant dans cette histoire et qu'EDF désire construire deux autres réacteurs en Angleterre. Cette fois le financement pourrait être totalement différent.
En effet, les consommateurs pourraient passer à la caisse dès le début de la construction avec une augmentation des prix de l'électricité dès le premier coup de pelle.
Ce dispositif permettrait, qu'en cas de dépassement des budgets, de faire passer les consommateurs à la caisse sans impacter les rendements financiers de l'Etat Français ou EDF. Le déficit sera couvert par les consommateurs captifs.
A l'origine du projet de Hinkley Point C, et la construction de ces 5 et 6ème réacteurs EPR au niveau mondial, EDF voulait inaugurer une ère d'industrialisation et d'une commercialisation de ses réacteurs avec des coûts et des délais maîtrisés. Comme dirait Georges J. Bush: Mission accomplie!
Mauvaise nouvelle pour Macron
Cette péripétie est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement Macron qui envisage de construire six nouveaux EPR sur le sol français.
Le budget pourrait dépasser les € 90 milliards et l'Etat français n'a pas cet argent, même s'il a réussi à faire passer le nucléaire comme énergie propre dans la taxonomie européenne d'investissements.
Matignon pourrait utiliser les fonds stockés dans les "Livrets A" qui sont utilisés pour l'épargne des français.
A suivre et surtout, à creuser.