La Chine veut garder ses technologies face aux taxes douanières
Partie 1/3. Alors que Donald Trump est en train de jouer ses cartes, nous vous proposons deux articles pour comprendre les enjeux géopolitiques qui sont en train de se dessiner parmi les grandes puissances : Chine, USA et également l'Inde alors que l'Europe se fait déborder. On commence avec la position de la Chine. En fin de semaine, l'on verra que le téléphone de Trump à Vladimir Poutine joue avec les enjeux énergétiques et la dominance que permet le pétrole.
Pékin resserre son emprise sur les technologies chinoises de pointe alors que les tensions commerciales avec les États-Unis et l'Europe s'intensifient.
Les droits de douanes s'installent, comment s'en protéger
Les autorités chinoises ont rendu plus difficile la sortie du pays de certains ingénieurs et équipements, ont proposé de nouveaux contrôles à l'exportation pour conserver les technologies clés des batteries et ont décidé de restreindre les technologies de traitement des minerais critiques.
La sauvegarde par le pays de technologies de pointe intervient dans un contexte de droits de douane supplémentaires imposés par le président américain Donald Trump et de conflit commercial avec l'Europe au sujet des voitures électriques qui menacent les grands constructeurs européens dont les modèles sont financièrement onéreuses.
Cette stratégie pourrait être reprise par l'Europe afin de combattre les nouvelles taxes américaines.
Eviter la montée en puisance de l'Inde
Dans les entreprises, qui se trouvent dans le collimateur, Foxconn, le principal partenaire d'Apple. Apple voulait produire en Inde, via Foxconn car les salaires sont moins élevés qu’en Chine.
Ainsi les autorités chinoises ont fait en sorte que le fabricant sous contrat appartenant à Taïwan éprouve des difficultés à envoyer des machines et des cadres techniques chinois en Inde, où Apple souhaite mettre en place sa chaîne d'approvisionnement.
L’Inde affirme que la Chine utilisait les délais douaniers pour entraver le flux de composants et d'équipements en direction du sud. Les fournisseurs de l'industrie électronique ont reçu l'ordre de ne pas établir d'opérations de fabrication et d'assemblage en Inde.
Les nouvelles règles du jeu de Pékin ressemblent aux restrictions occidentales en matière de transfert de technologie qu'elle a vivement critiquées en les qualifiant d'injustes.
Les contrôles informels semblent viser en particulier le rival géopolitique de la Chine, l'Inde, certains groupes chinois affirmant que les projets en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient ne sont pas affectés. Toutefois, Pékin met de plus en plus en place des restrictions formelles à l'exportation de technologies clés qui s'appliquent dans le monde entier.
L'avance technologique chinoise dans les énergies du futur
Le mois dernier, le ministère chinois du commerce a proposé des restrictions à l'exportation de technologies liées à l'extraction du lithium et à la fabrication de matériaux de pointe pour les batteries, deux domaines dans lesquels le pays occupe une position de premier plan.
La Chine se dote d'un important dispositif de contrôle des exportations et choisit délibérément ce qu'elle veut contrôler. Il s'agit de maintenir la Chine au centre des chaînes d'approvisionnement mondiales.
S'ils sont adoptés dans leur intégralité, ces contrôles pourraient empêcher les géants chinois des batteries qui possèdent des usines en Europe de déplacer l'ensemble de leur chaîne d'approvisionnement à l'étranger. Des groupes tels que CATL pourraient devoir continuer à importer de Chine des matériaux pour batteries, tels que des cathodes de phosphate de fer-lithium, au lieu de pouvoir les produire ou les acheter localement.
Les restrictions imposées aux exportations de technologies d'extraction du lithium pourraient compliquer les développements en cours entre les États-Unis et l'Amérique du Sud. Une personne proche de CATL a déclaré que le groupe devrait demander des licences d'exportation pour utiliser la technologie chinoise dans le cadre d'un projet de 1,4 milliard de dollars en Bolivie visant à extraire le lithium des plaines salées du pays.
Les terres-rares si précieuses à Donald Trump
En ce qui concerne les matériaux et minéraux stratégiques, Pékin a progressivement élargi ses restrictions pour inclure à la fois le contrôle des exportations des éléments clés - tels que les terres rares, le tungstène et le tellure, entre autres - et la limitation des technologies utilisées pour leur extraction, leur raffinage ou leur traitement.
En décembre 2023, la Chine a encore étendu les contrôles à la technologie et aux processus qui transforment les terres rares raffinées en métaux et en aimants permanents utilisés dans les véhicules électriques, les turbines éoliennes et l'électronique.
La Chine fabrique environ 95% des aimants permanents dans le monde.
Cette rubrique est un parfait complément à l'article qui va être publié dans le journal Le Temps ce jeudi. Nous verrons l'implication du rapprochement des Etats-Unis et de la Russie dans le cadre de l'Ukraine et de l'accès aux énergies de Washington face à la Chine.
Cet article a été publié dans le journal Finnancial Times : Auteurs : Ryan McMorrow, Christian Davies, Kathrin Hille, John Reed et Zijing Wu. Une partie de cet article a été publié en anglais et traduit en français. La version intégrale: ici