Qui sera champion du monde ?
Italie, France, Etats-Unis, Angleterre. A cet énoncé, on pourrait imaginer les finalistes de la prochaine Coupe de monde du football au Qatar. Il n’en est rien. Seul point commun avec l’événement sportif: la débauche d’énergies.
L’un de ces pays a le potentiel de devenir champion du monde de la culbute énergétique. En effet, le politique tend à devenir un banal relais du monde de la finance ou de l’opinion publique. Il se sent obligé d’assurer la continuité dont les maîtres mots sont «toujours plus», concept qui repose sur une consommation d’énergie croissante.
Tour de table des favoris.
Avec des prix de vente d’électricité inférieurs aux coûts de production, la France ne maîtrise plus son ambition nucléaire.
Ses réacteurs à l’arrêt souffrent d’un symptôme que le docteur Macron a diagnostiqué. Le vocal directeur d’EDF a été licencié pour être remplacé par un dirigeant en sucre.
L’hiver électrique sera radieux et, à condition d’éteindre son wifi durant la nuit et grâce à la création de 45 milliards d’euros de dettes et d’un bouclier tarifaire, chacun a l’opportunité de consommer plus d’énergie pour moins cher.
Cette aubaine a artificiellement augmenté la demande de carburants. Achète-t-on la paix sociale? La réponse a débuté dans les raffineries.
Quand la France joue avec son public, elle est difficilement arrêtable.
Des bonus monstrueux devenus invisibles pour le fisc
Du côté de l’Angleterre, rien ne laissait présager que le fantasque Boris Johnson pourrait être remplacé par plus absurde. Impossible n’est pas anglais. Avec le format championne du monde, Liz Truss pense que marquer le fossé énergétique entre les riches et les pauvres donne d’excellents résultats sociaux.
De plus, pour rendre hommage au formidable travail des traders et des banquiers, qui ont obtenu de Bruxelles la libéralisation du marché de l’énergie, leurs bonus doivent échapper à toute imposition. Ainsi les bénéfices démesurés générés par les prix élevés du gaz et de l’électricité deviennent invisibles aux yeux du fisc alors que les PME et les citoyens maintiennent le privilège de financer ce processus.
vant de partir, Liz Truss a opposé son veto à une campagne d’information d’efficience énergétique, car «les citoyens anglais refusent de se faire dire ce qu’ils doivent faire». Liz a dû être remplacée: qu’importe, l’Angleterre part favorite.
Aux Etats-Unis, Joe Biden voit arriver les élections de mi-mandat avec anxiété. Le prix de l’essence est un facteur clé dans le choix du vainqueur. Malgré sa demande, l’OPEP a refusé de patienter un mois de plus pour réduire les quotas de production. Ainsi, le démocrate, reconverti en trader, utilise la réserve pétrolière stratégique américaine pour inonder le marché afin de manipuler les prix à la baisse.
Avec une inflation supérieure à 8%, l’ambiance a le potentiel d’être festive quand ce stratagème se terminera.
Pas à l'abri d'une surprise
Du côté de l’Italie, le politique donne dans le spectacle alors que le gouffre financier rappelle la Grèce. Ça tombe bien. Comme directeur de Goldman Sachs, Mario Draghi avait tripatouillé les comptes de la Grèce et avait fait sa part pour faire basculer Athènes. Président de Rome, même l’aide de 200 milliards d’euros de l’Europe ne lui aura pas permis de s’éloigner des énergies fossiles.
Mieux, la Péninsule compte en grande partie sur le gaz méthane pour se chauffer et produire de l’électricité. Pour faire partie des finalistes, il ne restait plus qu’à fortement se brouiller avec la Russie sans avoir de plan B. Bonne chance à sa remplaçante Giorgia Meloni.
Il n’est pas impossible qu’une autre nation puisse créer la surprise. N’ayant souvent plus à rendre des comptes et immunisé contre les pénalités, le politique a toute l’amplitude de proposer des solutions incohérentes bien souvent dictées par les milieux financiers qui ont gangrené le système énergétique.
Mais au final, c’est toujours l’Allemagne qui gagne. A cet effet, le chancelier Olaf Scholz a mis sur la table 200 milliards d’euros pour se vacciner contre cette contamination énergétique.
Comme lors de la Coupe du monde de football, le vainqueur pourrait voir les foules envahir les rues.