Energie Hydraulique : les moulins de béton et d’acier

Thomas Norway – Le soleil en direct ça donne: des coups de soleil, des arbres, des trucs comestibles et des investissements pas forcément pertinents parce que le soleil, ce n’est pas une énergie super dense au m² et assez variable sur la journée qui comporte malheureusement aussi une nuit, souvent trop courte quand on a des enfants.

Cependant comme l’environnement continue encore d’être un peu sympa avec les humains, alors qu’ils lui mènent la vie dure et qu’il le fait savoir de manière pas super agréable (ouragans, tornades, inondations, sécheresse, k-pop…), il nous concentre une partie de l’énergie solaire sous forme de pluie, de neige et de glaciers.  Dans quelle mesure peut-on compter sur ces moulins de béton et d’acier pour une éventuelle transition énergétique ?

 

Faire barrage aux fossiles

L’énergie du soleil est partiellement transformée en vapeur d’eau, qui se retrouve partiellement sous forme de pluie et de neige dans des bassins versants (une montagne en gros) pour donner des rus, ruisseaux, rivières, torrents et autres synonymes aqueux.

Les humains n’ont plus qu’à mettre un bon gros bouchon à l’endroit idoine et c’est banco !

Pour donner une idée, remonter un petit mètre cube (1'000 litres/m³) depuis la mer jusqu’au barrage de la Grande-Dixence, en Suisse, cela représente une énergie théorique de 6 kWh mais ce barrage comporte des centaines de millions de m³ (des TWh au total donc) que le soleil remonte gratos !

La nature ne comprend vraiment rien au capitalisme…

L’hydroélectricité, c’est beaucoup de cailloux, de béton d’acier et puis c’est comme le Keno, ça peut rapporter gros car on dépense certes beaucoup d’énergie initialement mais bien peu en comparaison de ce qu’il produira sur de très nombreuses années si celui-ci est bien entretenu.

 

Malheureusement, il y a 2-3 bémols à ces géants et un bédur aussi quand même

    • Les lieux où tous les critères de rentabilité sont présents sont déjà fort pris en Europe.
    • Il faut déplacer des gens de gré mais surtout de force
    • Il faut liquider des espaces naturels et de la biodiversité
    • Et la biodiversité sous eau, ça donne du méthane
    • La fabrication du ciment émet beaucoup de CO2 qui sera amorti sur des décennies
    • Le béton ne se recycle pas en ciment.

 

Pump up the jam !

Mais, des fois, si on a une retenue d’eau en bas du barrage, on peut se servir de celui-ci comme stockage d’électricité avec un rendement sympathique en repompant l’eau dans le barrage quand il y a trop d’électricité.

C’est un barrage réversible ou STEP, qu’il est bien pour stocker de l’énergie intermittente sans lithium. L’hydroélectricité, c’est souvent top niveau €/kwh après un investissement très important et une bonne chose pour la réduction des émissions de CO2 même si la puissance ou l’énergie est limitée.

 

Source: Ageing Water Storage Infrastructure: An Emerging Global Risk 11

 

Des chiffres pour se faire une idée

La construction de barrage dans le monde a été très importante de 1950 à 1990 mais décroit drastiquement depuis lors car le nombre de lieux rentables est limité par des contraintes hydriques et géographiques.

 De ce fait la production mondiale de cette énergie ne pourra pas croître indéfiniment et le plateau semble être atteint ou devrait être en passe de l’être. Le bon coté des choses, c’est que 4'000 TWh sur 23'000 TWh d’électricité, c’est déjà pas mal du tout !

 

 

Des Alliés positifs mais pas décisifs

Les barrages hydroélectriques sont des alliés de poids mais dont le nombre actuel ou à venir ne sera pas suffisant que pour substituer les énergies fossiles et surtout le charbon (la majeure partie du ciment est fait à partir de charbon).

De plus, les barrages réversibles sont une alternative très intéressante au stockage d’électricité sans passer par la case lithium.

Les barrages sont donc primordiaux pour la transition énergétique bien qu’ils ne joueront pas un premier rôle dans celle-ci, une sorte de sidekick bien utile.

 

Rubrique de Thomas Norway, spécialiste en systémique de l'énergie.  "Je ne suis pour ou contre aucune technologie, je suis pour la compréhension du problème et l’acceptation démocratique des conséquences de nos choix."

 

Pour terminer cette rubrique :

"Il n’existe pas de crise énergétique, de famine ou de crise environnementale. Il existe seulement une crise de l’ignorance." Richard Buckminster Fuller

"Tourne, tourne petit moulin ; frappent, frappent, petites mains." Comptine pour enfant

 

 

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