Qui remplacera les spécialistes du climat et des énergies?

Depuis des décennies, climat et énergie font chambre à part alors que ces deux domaines ne sont que la face opposée d’une même pièce. Sur le terrain, si 2020 fut une annus horribilis pour les énergies fossiles, l’été 2021 aura été un feu d’artifice climatique.

Ce manque de synchronisation et cette division se retrouvent au niveau scientifique entre les énergéticiens et les spécialistes climatiques.

 

Le nez dans le sol ou les étoiles, mais pas les deux

Le camp des énergéticiens, souvent géologues ou économistes, s’est rapidement préoccupé des quantités d’énergies fossiles limitées qui alimentaient la croissance mondiale.

Dès 1956, le géophysicien Marion Hubbert s’inquiéta du «peak oil» aux Etats-Unis. Sa prévision se montra aussi audacieuse que précise. Dans les années 1970, le premier choc pétrolier souligna notre dépendance. L’énergie nucléaire fut présentée comme la panacée, mais les accidents de Tchernobyl et de Three Miles Island en décidèrent autrement. Le pétrole resta roi.

Dans le camp des scientifiques environnementaux, l’intérêt initial se porta sur la pollution de l’air, les pesticides et les substances cancérogènes. Ces problèmes visibles avaient l’avantage d’être porteurs. Une fois les principales pollutions résolues, une mouvance observa les prémices du réchauffement climatique. Mais même si les climatologues et les énergéticiens regardent le même problème, ils le voient avec une perspective différente en pensant que «mon problème est plus important que le tien». Les géologues tournés sous le sol n’arrivent pas à comprendre les physiciens au nez pointé vers le ciel, et vice versa.

Ainsi, pour les géologues, le réchauffement de la planète se résout par une équation assez logique: moins d’énergies fossiles signifie moins d’émissions de gaz à effet de serre, d’où la solution aux problèmes climatiques. Cependant est-ce que le plateau de productions coïncidera avec l’urgence climatique? C’est à cause de cette faille que les climatologues, occupés à affiner leurs modèles, n’ont pas intégré le pic énergétique dans leurs calculs. Ils n’ont jamais voulu prendre le risque de faire coïncider les deux événements sous peine de prendre l’imminence d’un pic pétrolier comme un oreiller de paresse.

 

Le GIEC, l’IEA, politique: chacun son intérêt

L’illustration parfaite de ces silos imperméables est apportée par les grandes institutions. Le GIEC a publié son premier rapport climatique. De son côté, l’Agence internationale de l’énergie a proposé son propre plan de sortie des énergies fossiles d’ici à 2050. Une collaboration aurait fait merveille. Pour le monde politique, la division climat-énergie est une aubaine. Une utilisation maximale d’énergies est cruciale pour la croissance. Pour se faire élire, porter un discours différent est audacieux. Il est plus élégant de soutenir la mise en terre de quelques arbres et de promettre des objectifs lointains qui ne seront pas tenus. Du côté des énergies, comme les quantités sont infinies, un dossier qui dort est un dossier qu’il ne faut pas réveiller.

 

Cependant, les événements énergétiques et climatiques ont violemment frappé à la porte. Il ne sera bientôt plus l’heure de convaincre sur la réalité du dérèglement climatique ou de l’impact du plateau énergétique.

Dans un timing, qui pourrait être synchrone, ces deux problématiques ont la capacité de percuter l’économie mondiale. Dans les dix années à venir, le monde va devoir effectuer une transition, passer du tocsin que l’on sonne à l’incendie qu’il faut éteindre. Lanceurs d’alertes à leur apogée, les géologues et les climaticiens font face à un cruel destin: laisser leur place.

Mais à qui? Quelles seront les qualités et les expériences requises: visionnaires, financiers, dictateurs, milliardaires, pacifistes, politiciens? Eteindre l’incendie, avec la pandémie de covid, voilà un entraînement qui occupe tous les pays du monde.

Comme ce virus semble minuscule face aux enjeux climatiques et énergétiques.

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