Pétrole: L'Argentine Nationalise YPF. L'Espagne gronde
Les journeaux argentins approuvent la semi-privatisation de YPF la filiale argentine du groupe pétrolier espagnol Repsol. La compagnie est leader en Argentine assure 1/3 de la production argentine de pétrole, contrôle 52% des capacités de raffinage du pays et dispose d'un réseau de 1'600 stations-service. Jusqu'à hier, Repsol contrôlait YPF à 57,4%. Aujourd'hui, l'Argentine redevient propriétaire avec 51% des actions d'YPF.
La décision argentine a certainement basculé quand les dirigeants ont appris que Repsol voulait vendre ses actions au Chinois SINOPEC. Cette intervention chinoise a dû effrayer les dirigeants argentins.
Créé dans l'entre-deux-guerres par l'Etat argentin, Yacimientos Petrolíferos Fiscales (YPF) avait été privatisé par le gouvernement de Carlos Menem dans les années 90 avec un dessous de table digne du millionnaire déchu. L'enveloppe avait été glissée par l'espagnol Repsol.
La Présidente Cristina Kirchner a annoncé que "Le patrimoine d'YPF société anonyme est déclaré sujet à expropriation. Le prix auquel Repsol doit être exproprié sera déterminé par un tribunal d'évaluation".
Le Chinois SINOPEC voulait acquérir YPF
Motif du coup de gueule "officiel" des autorités argentine: les autorités reprochent en effet à YPF une baisse de sa production, qui serait imputable selon elles au manque d'investissements de Repsol.
La réalité déterre 3 points importants:
A) d'importantes quantités de gaz (schiste) ont été découverts au sud de l'Argentine. La quantité pourrait représenter 14 milliards de $
B) le Chinois SINOPEC aurait voulu acheté en secret les parts de YPF à Repsol (selon le Financial Times).
C) l'Argentine fait exactement ce doit faire tout producteur de pétrole: prendre possession de son énergie et gérer son capital.
A Madrid, les réactions ont été vives: le titre Repsol a perdu jusqu'à 9% à la Bourse, et la direction du groupe a jugé la nationalisation "clairement illégale", ajoutant qu'elle exigerait des compensations financières importantes. YPF pèse lourd dans les comptes de Repsol avec 21% des bénéfices et 34% de ses investissements en 2011.
Dès que l'on parle de pétrole, la Chine est là
La Chine est le deuxième investisseur dans le secteur énergétique en Argentine. Elle est aussi le troisième importateur de pétrole brut argentin (27%), après les Etats-Unis (33%) et le Chili (33%).
Sinopec, le premier raffineur chinois est déjà implanté en Amérique Latine. Il est notamment partenaire de Repsol au Brésil, où le groupe chinois a pris une part de 40% dans la branche brésilienne de Repsol
YPF: passe dans les mains argentines à 51%
YPF, contrôlée par Repsol, s'est vu retirer ces dernières semaines 16 concessions pétrolières par une demi-douzaine de provinces. Le gouvernement de Cristina Kirchner fait pression sur les compagnies pétrolières pour qu'elles augmentent leur production nationale, la facture pétrolière du pays ayant bondi l'an dernier de 110%, pour atteindre 9,4 milliards de dollars.
Repsol YPF a indiqué hier que le gouvernement argentin avait entamé l'approbation d'une loi lui donnant le contrôle de 51% des actions de classe D d'YPF, “déclarées d'intérêt public et sujettes à expropriation”, écrit la société dans un communiqué. De plus, par décret promulgué hier avec effet immédiat, l'Argentine a nommé un ministre en tant que “contrôleur” d'YPF : ce dernier disposera des pleins pouvoirs sur le conseil d'administration pour une durée de 30 jours.