Hit parade 2023 des plus grands pays extracteurs de pétrole

Le monde n'a jamais autant consommé de pétrole avec 102,3 millions de barils de pétrole par jour (b/j) soit plus de 16 milliards de litres par jour ou une moyenne de 2 litres par habitant. Pour 2024, les prévisions dépassent les 104 millions.

Alors que de nombreux pays ont dépassé leur pic pétrolier et que d'extraire plus de 100 millions de barils chaque jour devient une équation avec de plus en plus d'inconnues, quels sont les 5 plus grands extracteurs actuels?  Tour d'horizon des pays qui sont à la base de notre succès économique et sur lequel tout repose.

 

#1. Les États-Unis

Au sommet du hit parade, la nation de Joe Biden, Trump et surtout Mélania. Tout un symbole, avec un pic d'extraction à 13,2 millions de barils par jour (b/j) de pétrole brut. Washington se dirige vers une augmentation continue à court et moyen terme, selon les dernières données de l'Administration américaine d'information sur l'énergie (EIA). 

Ainsi, les extractions pétrolières américaines ont atteint un niveau record à plus de 13 millions de barils par jour (b/j) en septembre notamment dans sa forme la plus polluante de pétrole: le schiste.  Seul le pétrole bitumineux du Venezuela et du Canada font mieux afin d'arriver le plus rapidement possible à +4 degrés.

Les gains d'efficacité et à de nouvelles techniques de forages expliquent les succès du schiste qui génère un impact important sur la dynamique mondiale du pétrole. Les pays de l'OPEP+ comme l'Arabie saoudite et la Russie sont confrontés à des difficultés croissantes pour gérer à la hausse les prix du marché.

En 2023, la production américaine de pétrole brut devrait s'élever en moyenne à 12,93 millions de b/j et augmenter encore pour atteindre 13,11 millions de b/j en 2024, selon les perspectives énergétiques à court terme de l'EIA de son Short-Term Energy Outlook, STEO de décembre.

Il faut souligner que l'Agence a une fâcheuse tendance à surestimer les performances de ses poulains, certainement pour faire plaisir à la Maison Blanche dans une année d'élections. Mais si je dis ça, on va dire que je médis.

La croissance ne s'est pas limitée à la région du Bassin Permien, le plus grand gisement du monde. Plusieurs bassins de schiste, qui étaient stables ou en décroissances, connaissent un renouveau.

L'industrie américaine du schiste cherche désormais à faire plus avec moins, à la recherche de capital et d'efficacité opérationnelle pour prouver aux actionnaires qu'elle a tourné la page de la croissance à tout prix pour passer à une croissance mesurée accompagnée de meilleurs dividendes pour les actionnaires dont les BlackRock, UBS, Vanguard, pratiquement toutes les grandes banques françaises, la Banque Nationale Suisse, etc.. 

En 2024, les pétroliers américains devraient réduire leurs dépenses de 1%, les foreurs privés réduisant leurs budgets de 4% en moyenne, selon une enquête sur les dépenses menée par la banque Barclays.

Malgré les budgets légèrement inférieurs prévus pour l'année prochaine, les États-Unis continueront d'enregistrer une croissance de la production à moins que les prix du baril s'effondrent.

Reste également à évaluer la durée de vie de la bulle de schiste, car quand elle va exploser, les Etats-Unis devront faire le tour du monde pour maintenir un accès au pétrole et assurer le fonctionnement de leurs outils militaires.

 

#2 Arabie Saoudite

L'Arabie saoudite, chef de file de l'OPEP et du groupe OPEP+, est la deuxième sur le podium. Les extractions saoudiennes de pétrole brut se sont élevées en moyenne à 10,2 millions de b/j au premier semestre 2023, mais depuis juillet, le Royaume a mis en œuvre une réduction volontaire supplémentaire de la production de 1 million de b/j, et sa production s'est élevée en moyenne à 9 millions de b/j au second semestre de l'année. 

On se souvient qu'en 2020, un mois avant l'arrivée du COVID et l'Arabie Saoudite et la Russie s'étaient mis d'accord sur une hausse des extractions afin de faire baisser les prix du pétrole et couler le schiste américain.

Aujourd'hui, la réduction saoudienne volontaire, qui vise à "stabiliser le marché", a été partiellement compensée par la montée en flèche de la production des producteurs non-membres de l'OPEP+, notamment les États-Unis, mais aussi le Brésil, le Canada, la Guyane et la Norvège. La géopolitique n'est pas une science exacte.

Le royaume a besoin d'un baril à $85 pour équilibrer son budget et payer ses dépenses somptueuses. 

 

#3 Russie

La Russie, partenaire saoudien clé de l'alliance OPEP+, a extrait environ 9 millions de b/j de pétrole brut.

Après le début de la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales, Moscou a classé ses données d'extractions et d'exportation de pétrole, déclarant qu'elle ne fournirait pas d'informations détaillées sur son secteur pétrolier, qui pourraient être utilisées par l'Occident pour traquer et restreindre les exportations de pétrole ou les revenus pétroliers de la Russie.

Moscou a réorienté ses exportations vers l'Amérique Latine, la région Asie-Pacifique et notamment la Chine, 50% et vers l'Inde à 40%. En direct, l'Europe ne reçoit plus que 5% via la Russie. Les ventes auraient atteint $88 milliards comme en 2021. Gaz et pétrole, c'est le 27% du PIB russe et 57% des exportations. 

Lors de la dernière réunion de l'OPEP+, la Russie a déclaré qu'elle renforcerait la réduction des exportations et diminuera de 500'000 b/j au premier trimestre 2024, (par rapport à la base de référence de mai et juin 2023), qui consistera à 300'000 b/j de brut et 200'000 b/j de produits raffinés (diesel et produits pour les raffineries de pétrole).

Que se passera-t-il quand la guerre en Ukraine sera terminée et comment les flux de pétrole et le gaz-méthane recouleront ?

 

#4 Canada

Alors que la Russie et l'Arabie saoudite réduisent leur offre sur le marché pour faire grimper les prix, l'Amérique augmente sa production, non seulement aux États-Unis, mais aussi au Canada ainsi que le Brésil qui désire grimper dans ce top 5 d'ici à 2029. Il faudra que le Brésil passe des 3 millions b/j actuellement à 5,4.

Je m'égare, revenons au pays de Trudeau et du sirop d'érable.

L'année dernière, la production pétrolière canadienne a atteint le niveau record de 4,86 millions de b/j. Le pétrole bitumineux de l'Alberta est certainement la manière la plus dévastatrice pour le climat notamment avec les émissions de méthane et de CO2 qui s'en dégagent. Mais bon, à l'inverse, cela fait rentrer de l'argent dans les cagnottes de l'Etat et c'est ce qui est important.

Les analystes s'attendent maintenant à ce que les extractions grimpent en 2024 et 2025, car les entreprises augmentent la production sur de nouveaux sites et sur des sites de raccordement dans les sables bitumineux de l'Alberta.

Selon les analystes, les extractions de pétrole brut du Canada devrait augmenter de 8% d'ici à 2025. On notera que le premier ministre Justin Trudeau se fait le champion pour le climat au même titre que Macron.

 

#5 Irak

L'Irak, deuxième producteur de l'OPEP, a été le cinquième pays extracteur de pétrole au monde cette année, avec une production moyenne d'environ 4,3 millions de b/j, selon les sources secondaires de l'OPEP dans ses rapports mensuels. 

L'Irak est suivie par l'Iran et le Brésil qui sont tous les deux sur des niveaux de croissance alors que de très nombreux pays dans le monde, comme le Mexique subissent de plein fouet leur pic pétrolier. 

On se rappelle qu'en 2022 que Colin Powell avait tout son possible afin de trouver des armes de destructions massives histoire d'aller mettre un pied en Irak et de rapatrier le pétrole. Après avoir ratiboisé le pays, les Américains sont repartis en 2011 car le pétrole irakien était devenu "has been". Le schiste US devenu suffisant, pourquoi rester en Irak? Du coup, aujourd'hui, la Chine et la Russie ont mis la main sur le pétrole Irakien. Les soldats et les civils morts au combat ou sous les balles perdues doivent se retourner dans leur tombe.

L'un des nombreux problèmes de l'Irak réside dans son accès à l'eau. Le pays devient de plus en plus invivable. Pour combien de temps encore dans le top 5 ?

 

Les prévisions de l'OPEP

Dans son dernier rapport de décembre, l'OPEP+ a reconnu que les extractions du cartel ont baissé en novembre pour la première fois depuis des mois. C'est un succès.

Cependant "la production américaine de brut et de condensat ainsi que la production de LGN (gaz liquide) continuent d'atteindre de nouveaux sommets. La production totale de liquides aux États-Unis a atteint un record de 21,6 millions b/j en septembre, en raison de la surperformance persistante de la production onshore et offshore". 

Les prévisions de croissance de l'offre de liquides hors OPEP restent inchangées à 1,8 million de b/j pour 2023, sous l'impulsion des États-Unis, du Brésil, du Kazakhstan, de la Norvège, de la Guyane, du Mexique et de la Chine qui se met aux extractions de schiste. 

L'augmentation des extractions de pétrole en dehors de l'OPEP+ rend difficile la tâche de l'OPEP afin de gérer les prix du pétrole d'autant que l'Angola vient de claquer la porte de l'OPEP et le Nigeria hésite. Cependant, les extractions des deux pays africains peinent à ne pas péricliter.

Dans cette ambiance et seule certitude, ce matin le pétrole se traite à $78 à Londres et $73 à New York.

 

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