Pétrole: La Revue d'infos mi-février
Le pétrole joue au yoyo et varie entre 45 et 57$ le baril à Londres. En prenant les prévisions des experts, dont pas un seul n'a vu arriver le crash, l'évolution de prix du baril devrait varier entre 20 et 200$ dans les mois à venir. Ce serait ballot si le baril descendait à 19$!
Des USA, où le pétrole de schiste subit de plein fouet les prix bas, la Chine qui diminue de 40% sa consommation de charbon, la France qui va voir sa facture d'électricité augmenter, les majors pétrolières qui se débrouillent à merveille, voici les dernières nouvelles pour ce début de mois de février 2015!
Monde
En 2014, quatre des six plus grandes majors pétrolières, Shell, BP, ConocoPhillips et Shell ont peiné à remplacer le pétrole qui s’épuise. Seulement 2/3 du pétrole extrait en 2014 a été remplacé par de nouvelles découvertes. En ajoutant ExxonMobil la baisse de la production des majors est de 3,25% par rapport à 2013.
Les efforts pour extraire le pétrole de l’Arctique est plus douloureux qu’initialement prévu tant techniquement que financement. Les compagnies se grattent la tête pour insérer les pièces de ce grand Tetris, mais avec un baril à 50$, les projets les plus couteux passent logiquement à la trappe.
Pour l'instant, nos amis des forages de schiste, des sables bitumineux et des forages en haute-mer sont dans l'oeil du cyclone. De leur côté, les grandes majors pétrolières ont présenté des dividendes très convenables quitte à vendre veaux, vaches, cochons pour satisfaire les investisseurs et Total ira même jusqu'à licencier 2'000 personnes pour conserver un bénéfice présentable.
Climat
Enorme performance lors de la préparation de la Conférence sur le Climat COP21 Paris. Rappelez-vous à l’école lors de nos rédactions, nous étalions nos commentaires sur 2 pages avec une police Helvetica 12 et un interligne de 1,5 pour faire bonne figure. Là, à la question: faut-il oui ou non faire quelque chose pour le climat, une page A4 bien travaillée aurait pu faire l’affaire. Les fonctionnaires de l’ONU, réunis à Genève, ont pondu un texte de 89 pages (interligne 1, Helvetica 10) qui clame tout et son contraire et vis versa. Ce tout et n'importe quoi est la base de travail pour Paris.
Finance
En 1 semaine, le pétrole a subi sa plus forte augmentation depuis 2008 passant de 48 à 57,80$ à Londres. L’annonce d’une baisse du nombre de derricks de production a suffi aux traders pour peindre l’équation :
moins de derricks = moins de pétrole = prix à la hausse.
La finance, c'est vraiment très facile.
Bon, seulement dans la pratique, il faut d’abord planter un derrick, faire le forage et voir s’il y a du pétrole. Le tout peut durer 3-6-18 mois. Sur une échelle de logique, la hausse des prix actuel, ne fait pas beaucoup de sens et hop, une fois l'équation révisée, le pétrole est reparti à la baisse.
Europe
Depuis que les américains ont réussi à faire tomber l’ancien président ukrainien, les Européens se demandent comment ils vont pouvoir se libérer de la dépendance gazière russe. Une lueur d’espoir avait fendu le ciel avec le gaz de schiste, mais le rêve européen s’est évaporé avec autant de projets qui ont capoté, Pologne en tête. Il ne reste que l’Angleterre et l’Espagne qui restent sur la ligne de départ. Pendant ce temps, la Russie a vendu le gaz prévu à l'Europe à la Chine. Effectivement, l'Europe est sur le point de se libérer de la dépendance gazière russe!
France
L’ancien PDG d’EDF, Henri Proglio demande 400'000 euros de salaire pour la présidence partagée du groupe de défense français: Thales. L’Etat Français, actionnaire principal, proposait 140'000 euros par an et met les pieds au mur. Il est vrai que lors de son passage à EDF, le PDG Proglio a réussi la performance de creuser la dette de l’entreprise à plus de 40 milliards d’euros. Cette expérience unique doit bien pouvoir se monnayer. Deux autres points de détails : Quel est le rôle que joue M. Proglio auprès de Rosatom, l’Agence fédérale russe de l’énergie atomique. L’ex-patron d’EDF serait rémunéré par le géant russe pour lui délivrer des conseils. Finalement, il est également sur la fiche de paie du groupe américain General Electric (GE) dans le domaine de l’énergie. Notre homme est décidément international.
Le nouveau PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, explique que la dette de 40 milliards d’euro du groupe EDF ne cesse d’augmenter et que cela le préoccupe. Comme précédemment Henri Proglio, il propose au gouvernement d’augmenter les tarifs de l’électricité. Et de conclure : L’entreprise n’a pas beaucoup investi ces quinze dernières années, ce qui se traduit par un prix de l’électricité bon marché. Or, le parc nucléaire, dont une bonne partie s’approche des 40 ans, nécessite plus de maintenance et nous devons investir dans les énergies renouvelables. Nous ne pourrons pas financer tous ces investissements si nous ne stabilisons pas notre dette.
Angleterre
Cuadrilla Resources a reçu le ok de la British Environment Agency pour effectuer des explorations de gaz de schiste dans le Lancashire.
Le parlement du pays de Galles a voté une mesure pour bannir l’exploitation de schiste sur le territoire.
Russie
Moscou continue à pomper un maximum de pétrole de ses vieux puits : 10,6 millions b/j (-100'000 par rapport à décembre). La Russie est toujours le plus grand producteur mondial d’or noir et se bat contre l’Arabie pour livrer le précieux liquide à la Chine. Par contre, le pays va réduire de 15% ses investissements durant cette année. L’année 2016 va être chaude.
Les Amériques
Canada
La province de l’Alberta a vu s’évaporer 17% de ses revenus à cause de la diminution des taxes pétrolières d’exploitation des sables bitumineux.
Andrew Leach, économiste à l’University of Alberta, prétend que les coûts d’extraction de sable bitumineux représentent 31 à 39$ le baril, mais que certains champs dépassent cette fourchette. Ainsi malgré les licenciements et la baisse de production, les producteurs devraient continuer à exploiter leurs champs. Quelques mois suffiront pour découvrir la justesse de l'étude de M. Leach.
USA
Certains exploitants de pétrole non-conventionnel tentent de démontrer qu’ils ont trouvé une potion magique pour être rentable à 40$ le baril. Ils ne l’étaient déjà pas à 100$, mais maintenant, on vous jure que toutes mesures ont été prises pour faire baisser les coûts et qu’à 40$ c’est de la balle. C’est peut être ça le rêve américain. Ce discours n’est pas fait pour des gens censés comme vous et moi, mais pour les financiers de Wall Street qui doivent décider s’ils vont continuer à injecter de l’argent dans un système qui continue à perdre de l’argent. La prochaine échéance avec les banques débute début avril et la Réserve Fédérale indique que quelques banques ont déjà resserré les cordons de la bourse.
La grande question qui taraude les esprits est à quel prix allons-nous acheter le baril durant les 12 prochains mois. La fourchette est assez grande et varie entre 20 et 200$. Déjà que nous avons de la peine à savoir quel sera le prix de la semaine prochaine, mieux vaut jouer à pile ou face. Presque une certitude, les USA vont diminuer leur production d’ici à septembre.
La grève du personnel des raffineries continue et 11 unités sont touchées sur les 200 raffineries du pays. Pour l’instant, il n’y a pas d’influence sur la production, car une grande partie du raffinage est automatisé. Cela viendra intéressant quand les maintenances devront être réalisées.
La baisse des prix des carburants poussent les ventes automobiles et les deux monstres : le Mega SVU Cadillac Escalade et la surpuissante Ford Mustang enregistrent des ventes qui ont doublé par rapport à janvier 2014.
Le crash pétrolier aurait raboté 30'000 emplois depuis l’automne dernier. Cowen & Co estime que les dépenses d’exploration et de production ont diminué de 116 milliards $ (-17%). Le nombre de dericks est en baisse de 25%.
Même avec tous ces chiffres, Goldman Sachs évalue que le pays va continuer à produire la même quantité de pétrole d’ici à la fin de l’année. Halliburton, Statoil, Hess corp, Whiting Petroleum ont décidé de ne pas licencier leurs personnels et espèrent pourvoir les garder jusqu’à ce que les prix remontent.
Les voitures électriques Tesla ont fait un gros bide durant l’année 2014 notamment en Chine et aux USA. Son CEO Elon Musk fait la tournée de tous les endroits qui ont une caméra pour soutenir son entreprise. La question à 5 euros : Est-ce que si Musk n’est plus avec Tesla, vous continuerez croire en la société ? De son coté Apple a engagé des centaines d'employés pour travailler sur un projet de voiture électrique destinée à concurrencer GM, Nissan et Tesla. Le projet, est appelé en toute modestie : Titan.
Brésil
Graça Foster, la présidente de Petrobras, ainsi que les 5 directeurs du groupe ont démissionné face à un énorme scandale de corruption dans la major pétrolière étatique.
La police estime que le réseau de corruption démantelé au sein du groupe aurait détourné 4 milliards de dollars en dix ans, notamment au bénéfice d'élus et de parlementaires de la coalition au pouvoir, dont le nombre et les identités sont encore couverts par le secret de l'enquête.
L'enquête implique également les plus grosses entreprises de construction du pays, qui auraient versé des pots-de-vin à des responsables de Petrobras pour obtenir des contrats. Pour l'instant, 39 personnes, entrepreneurs et ex-directeurs de la compagnie pétrolière font l'objet d'une enquête pour corruption. Ce scandale fait trembler la coalition au pouvoir de Dilma Rousseff, qui a soutenu publiquement à plusieurs reprises Mme Foster, qu'elle avait nommée à la tête du groupe et dont elle est proche.
Asie
Chine
Les importations auraient diminué de 19% et les exportations de 3,3% en janvier par rapport à janvier 2014. La Chine pourrait diminuer sa consommation de pétrole pour les mois à venir. Diminuer, pas baisser la nuance est de taille.
Les importations de charbon ont chuté de 40% en décembre sans que la planète ne bronche, mais les chinois
La Chinese National Offshore Oil Company, qui sillonne le monde à la recherche de champs pétrolier, a vu son budget d’acquisition diminuer de 26 à 35% pour l’année 2015. C’est assez inhabituel, car Pékin aime bien acheter du pétrole quand les prix sont à la ramasse.
Les chinois paient leur essence à 95 centimes d’euro le litre. Le prix est fixe, indépendamment des cours sur les marchés boursiers.
Japon
Le pays va relancer 2 Centrales Nucléaires sur les 54 en services avant Fukushima. Deux autres réacteurs devraient fonctionner d'ici à la fin de l'année grâce à l'impulsion du Premier Ministre Abe alors que la population est majoritairement contre ces réouvertures.
Moyen- Orient
Irak
Les Kurdes vendent leur pétrole à 30$ le baril soit avec une prime de risque et de frais de transport de 20$. Une bonne affaire pour les acquéreurs.
L'Etat Islamique continue d'écouler son pétrole à des prix imbattables et cela malgré les bombardements des américains. Les revenus sont estimés à 1-2 millions $ par jour.
Arabie Saoudite
L’Arabie continue son tour de force afin de garder ses parts de marché en Asie cela au détriment de l’ouest africain et de l’Amérique latine. La grande question pour le nouveau Roi est de diminuer la consommation interne qui représente certains mois plus de 50% de la production du pays. L'air conditionné, le traitement de l'eau, la consommation automobile sont les postes les plus gourmands.
Si vous roulez à Riad, il vous faudra 10 centimes d’euro pour un litre d’essence.
Afrique
La touche "pause" a été enclenchée pour les grands projets pétroliers d'Afrique de l'ouest car les coûts d'extractions sont au-dessus des prix de vente.
Ne serait-il pas le temps pour certains pays de passer au solaire? De nombreux projets pourraient être mis en service mais ils sont systématiquement bloqués par une tradition de corruption et par une administration autobloquante.
Angola
Le FMI pense que le pays a intérêt à profiter des prix bas du pétrole pour couper les subsides sur les carburants. En 2013, 4% total du pays a été utilisé pour l’essence des automobilistes. Pour rester dans le budget, c’est l’éducation, les engagements de fonctionnaires qui ont fait les frais et le pays a dû faire un emprunt de 8,4 milliards $.
Dette et Economie
La dette mondiale pesait 286% du PIB mondial en 2014, contre 269% en 2007, d'après une étude de McKinsey Global Institute. En volume, l'endettement a ainsi progressé de 57’000 milliards de dollars entre 2007 et 2014 pour frôler les 200’000 milliards de dollars.
L'endettement du gouvernement au Japon, qui détient le record en la matière, devrait ainsi passer de 234% à 258% du PIB entre 2014 et 2019, selon les projections de MGI. Celui de la France passera de 104% à 119% sur la même période, tandis que la dette publique allemande tombera de 80% à 68% de son PIB.
En Chine, la dette globale a explosé, atteignant 282% du PIB, sous l'effet des prêts accordés hors du secteur bancaire réglementé (shadow banking) ainsi que de la spéculation immobilière, passant de 7’000 milliards de dollars à 28’000 milliards de dollars.
La suite le 1er mars pour de nouvelles aventures du monde fabuleux de l'énergie!